Paris

8h45. Le soleil se lève à peine, les fenêtres s'ouvrent sur la place de la Réunion, les rideaux s'agitent.
Autour de la fontaine surplombant la place, quelques commerçants s'installent, des visages encore endormis, les regards sillonnent la place, profitant encore de la vacuité du lieu et de la lumière matinale qui caresse timidement les murs...

Des pas résonnent sur le sol arrosé et dans l’air une forte odeur poissonneuse embaume la place.
Des pas s’empressent de se rejoindre, quelques uns s’aiment parmi tant d’autres et puis, d'autres pas habitués cheminent dans tous les sens. Les pas d’un homme marqué par les années, se rendant comme chaque matin sur cette place comme s’il s’agissait de son jardin ; Les voix des marchands se mêlent au ruissellement de l’eau ; Au loin, les échos d’une cour de récréation ; Au bureau de presse du coin, les journaux cachent les visages ensommeillés devant leurs cafés refroidis ; Des regards scrutent la place aux fenêtres qui se referment aussitôt sur la brise automnale ; Au pieds d’un immeuble, un homme tond la pelouse du parc, il s’arrête pour saluer une dame du quartier et son bébé endormi dans sa poussette ;
Dans la rue d’en face une bande de papis avancent doucement pour rejoindre leur vieux complice qui attend patiemment les fraîches nouvelles du quartier ; Dans un coin de la place, deux jeunes filles suspectes complotent avant d’arracher une affiche et de fuir en courant. À midi, les cloches d’une église retentissent, les pas s’affairent sur le marché, enfin tout le quartier se réveille, on entend des sacs qui se froissent, les voix se haussent, les discussions qui se confondent, des enfants qui courent pour rejoindre leurs parents. Le soleil balaye la place d’une lumière chaleureuse, encore une journée comme une autre qui se poursuit dans ce bout de village dans la ville de Paris.

La place de la réunion devient une scène où la vie s'exprime. Une place au carrefour des rues, au carrefour des générations, des ethnies, des histoires. De sa forme arrondie, la place entraîne les personnes dans une danse à tous les temps, les distribuant dans chacune des rues qui s'éloignent de la place. Le centre de ce décor c'est cette fontaine habillée de jaune et bleu qui se laissent contourner par les passants, ces derniers laissent perdre leur regard dans l'eau qui coule en l'espace d'un instant. Les perspectives se succèdent mais ne se ressemblent pas, offrant plusieurs paysages, un bureau de presse avec en fond une église, un coin vert plus intime avec des arbres dont le feuillage laisse percevoir les couleurs d'une fresque murale. On se retourne et l'on voit autre chose, ce café recouvert d'un bois vieilli et lassé par la multitude de couches de peinture. Celle qui domine c'est cette perspective où les enfants et les parents se dirigent, Au premier plan ce petit parc qui laisse jaillir les couleurs vives de jeux d'enfants, et au second plan, ce bâtiment en pierre qui s'élève devant lequel les enfant fourmillent, Des scènes banales, de personnes banales de la vie de tous les jours. Cependant alors que l'on commence à s'attarder pour observer des choses précieuses, on découvre la vie, on découvre l'Humanité.