Bordeaux

Les contours de la place Mitchell font penser à cette place parisienne qui s'entoure de bâtiments, s'entourent de rues. Des chaises entourent cette place, elles se font face, espérant des spectateurs toujours absents. Le silence résonne dans ce lieu, loin de tous les bruits qui habitaient la place de La Réunion. Mitchell devient l'antonyme de La Réunion, par l'absence de vies, l'absence de rencontres, l'absence d'histoires. Le décor est là mais les acteurs ont déserté !

La vie s’est effacée, le silence est assourdissant et nous amène à parler tout doucement... Il n’y a personne ? Il n’y a personne. On se tourne, on se retourne. Personne. Personne aux fenêtres, personne dans les rues, personne sur les chaises, personne sur la place. Y a-t-il quelqu’un ? Il n’y a personne.Ah je vois, il n’y a personne ou presque. Une brise court sur la place, c'est une femme qui se presse de traverser l'espace. Froissant les feuilles au sol, elle fuit, elle fuit le vide. Et ces chaises clouées au sol assistent à sa course avec désespoir.

Mais nous, nous voulons du lien, du lien dans les liens. Des fils, des fils d’histoire qui s’entremêlent, qui s’enlacent. Des voix, des voix qui se rencontrent, des voix qui s’accordent, il y a des voix qui s’entrechoquent. On veut de la vie. Où sont les vies qui entourent la place ? Pourquoi elles entourent ? Elles s’entourent, elles font le tour, le tour de cette ronde, et ça tourne, ça tourne, un tourbillon, un tourbillon de la vie, un tourbillon de vies ! Il faut le dire ! Il faut effacer le rond, il faut dessiner un cercle, un grand cercle ! Il faut unir, il faut s’unir, il faut ouvrir, il faut s’ouvrir ! IL FAUT SE RENCONTRER !

Vous, si l’on vous considère, vous n’êtes pas ces chaises immobiles et identiques. Vous êtes différentes, les unes des autres. Certaines, vous êtes colorées, d’autres bancales, d’autres recyclées, d’autres plus triste et délaissées, d’autres rugueuses ou chaleureuses ; Il y a chez vous une multitude, une infinité d’autres. Il vous faudrait trouver votre place sur cette place. Alors venez, prenez vos aises sur ces chaises qui se plaisent à entendre vos histoires. Cette place a besoin d'une histoire, mais son histoire, ce sont les vôtres.